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  • Photo du rédacteurPatricia Buigné

La Création du Monde vue par le Renard

Dernière mise à jour : 13 août 2023


J’ai rencontré un Renard…


Renard roux / Red fox / Vulpes vulpes

Il y a quelque temps de cela, dans la Forêt de Brocéliande, je surpris une conversation entre le Renard et le Petit Prince, à proximité de l’arbre sous lequel je méditais.

Si tu m’apprivoises avait dit le Renard au Petit Prince, je te confierai un secret. – Alors, je reviendrai chaque jour pour t’apprivoiser, avait répondu le Petit Prince, ce qui sous-entendait qu’il avait envie de connaître le secret.

Je suis, moi aussi, revenue chaque jour et, cachée derrière mon arbre, j’ai tout écouté. Voulez-vous que je vous répète ce que j’ai entendu ?

« Les humains sont un peu bêtes avait dit le Renard, sais-tu qu’ils cherchent le Graal dans la Forêt de Brocéliande ? Ah, s’ils savaient qu’il suffisait de manger un peu de soupe ! »

Et le Renard était parti d’un grand rire…

J’avais alors tressailli, car c’est bien ce que j’étais venue faire  dans cette forêt. Il était donc évident que je me sentais concernée au plus haut point. Mais que voulait dire le Renard avec sa soupe ?


« Et si je créais un monde ?»


Le Petit Prince, lui aussi, voulait en savoir plus.

Alors, le Renard reprit :

« Je vais te raconter la version officielle. Et je te raconterai, un autre jour, la version celtique où le personnage principal est remplacé par la Grande Mère Kerridwen ou Cerridwen.

Un jour – il y a 15 milliards d’années de cela – Dieu, qui s’ennuyait dans le Néant,  fut saisit d’une idée géniale, laquelle le remplissait de jubilation : « Et si je créais un monde ? » s’était-il écrié dans le Vide, tout en souriant dans sa barbe (oui, oui, Dieu a une barbe, j’ai une photo !).

Et l’écho lui avait répondu : « si je créais un monde…un monde…un monde… ? ». Il n’en n’avait pas fallu plus pour qu’il se mette à la tâche.

Sans mot dire, le Petit Prince écoutait, fasciné…


Un poil dans la main


« Donc, Dieu arracha l’un des poils de sa barbe et, avec cet unique poil, contenant son ADN, il se dit qu’il pourrait bien faire des boutures… Il paraît que les humains appelle cela des clones, ajouta le Renard. Mais il lui fallait une éprouvette et il n’en avait pas. Alors, il disposa ses mains en coupe et y plaça son poil de barbe, d’où l’expression un poil dans la main. Mais curieusement, ses mains se mirent à chauffer, à chauffer… Une brume s’en dégagea et, tandis qu’à l’intérieur des mains, le poil s’était consumé, il apparut à la place un liquide incandescent, bouillonnant, incroyablement chaud et rouge comme de la lave. Pourtant, les mains de Dieu n’en semblaient pas affectées le moins du monde. »



La coupe cosmique


« C’est alors qu’il se passa quelque chose d’extraordinaire. Dieu écarta ses mains pour en dégager une coupe admirablement façonnée. Mais ce n’est pas tout ! Il lui donna ensuite une impulsion pour la retourner dans l’autre sens afin qu’elle déverse son contenu dans le Néant. C’est à ce moment là que le temps a commencé à s’écouler… »




Dieu « planqué » au-delà du temps

montre
montre molle, Salvador Dali

« Car, j’ai oublié de te dire, Petit Prince, avait ajouté le Renard, qu’avant ce moment là, il n’y avait pas de temps mais un espèce de mur infranchissable en deçà duquel certains  scientifiques disent qu’on ne peut accéder, car c’est de la pure information. Ce mur temporel, ils l’appellent : le temps de Planck, du nom de celui qui l’a trouvé. »

Le Petit Prince, qui voulait toujours en savoir plus, demanda :

–          Mais avant le temps de Planck, où était Dieu ? –          Oh, à mon avis, dit le Renard, il était sûrement planqué quelque part… mais, si tu veux bien, continuons notre histoire…


Graal

« Donc, avec la coupe retournée, le liquide incandescent s’écoulait dans le Néant… Curieusement, tout en s’écoulant, il se solidifiait et devenait matière, formant un réceptacle de forme similaire mais plus grossier. En fait, la coupe d’en bas n’était autre que l’ombre projetée, devenue matérielle, de la coupe d’en haut et on devinait que toutes deux devaient pouvoir s’emboîter parfaitement. La coupe d’en bas n’était autre que  la moitié visible de l’oeuf cosmique. Bref, Dieu disposait maintenant d’un chaudron et il était prêt à commencer une drôle de cuisine…  Veux-tu quelques éléments de la recette ? »


Chaudron
Le chaudron de Gundestrup trouvé en 1891 dans une tourbière du Jutland au Danemark. Il s’agit d’un chaudron celtique datant du 2e siècle av. J.-C.

Gravement, le Petit Prince acquiesça…

« Le poivre est l’élément important, reprit le Renard. En effet, un grain de poivre, jeté dans le chaudron, avait provoqué à Dieu un gigantesque éternuement. Les spirituels appellent cela le Souffle Divin et les scientifiques le Big Bang. A la suite de cet événement, des ingrédients apparurent magiquement dans le chaudron et celui-ci, en se remplissant, grandissait… grandissait… Il grandit toujours à l’heure actuelle et les scientifiques, dont les mots savants sont l’apanage, disent que l’Univers est en expansion… »



Des grumeaux dans la soupe

–        Mais c’est une soupe magique, s’exclama le Petit Prince ! Je comprends pourquoi j’ai vu écrit MAGGIE sur certains sachets ! « Le chaudron était encore très chaud, reprit le Renard, sans relever cette réflexion incongrue. Quand il commença à refroidir, Dieu vit qu’il y avait des grumeaux dans la soupe. Les scientifiques appellent cela des galaxies. » –        Et ensuite ? Et ensuite ? dit le Petit Prince qui trouvait que le Renard se perdait un peu dans les détails… « Ensuite, reprit le Renard tranquillement, Dieu touilla la soupe dans le chaudron cosmique et certains grumeaux éclatèrent, s’agglutinant en sous-ensembles qu’on appelle systèmes solaires. Des noms ont même été donnés à chaque élément de ces sous-ensembles comme, par exemple : Soleil, mercure, Vénus, Mars, Terre… »


Un judicieux assaisonnement

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–        Alors le Graal qu’on recherche dans la Forêt de Brocéliande, c’est quoi finalement ? demanda le Petit Prince qui ne perdait pas le fil de l’histoire. –        Attend un peu, dit le Renard. Je continue…

« Dieu a goûté la soupe cosmique mais il trouva qu’elle n’était pas assez relevée. Alors, il inventa une nouvelle recette qu’il l’expérimenta sur la planète Terre. Il rajouta quelques ingrédients : une pincée de Terre, un soupçon d’Air, une once d’Eau et mit le tout sur le Feu. Peu à peu, on vit apparaître des yeux dans cette nouvelle soupe. C’étaient de drôles de bestioles qu’on appelle des  bactéries et dont nous sommes tous originaires. Les hommes appelleront cette recette “soupe primitive” »


Une infinité de recettes

–        Sois plus clair ! insista le Petit Prince qui trouvait que la recette de cuisine cosmique finissait par devenir comique à force de se compliquer… –        Eh bien, Dieu n’a cessé de faire évoluer les recettes avec de multiples variantes. Les yeux dans la soupe ont grandi, se sont recouverts d’écailles et se sont mis à nager, puis ils se sont aventurés en rampant hors du chaudron, certains se sont envolés, d’autres se sont munis de fourrure comme moi, et d’autres sont devenus des drôles de petits bonshommes, comme toi…


La soupe de l’UN

« Bon, c’est pas le tout, dit le Renard au Petit Prince, on se la mange cette soupe ? »

Puis, comme s’il avait toujours su que j’étais là, le Renard vint me chercher à l’ombre de mon arbre pour m’inviter à partager avec eux la soupe de l’UN*…  Je su alors que le Petit Prince l’avait apprivoisé.

* Soupe de l’UN : Rajouter quelques cuillerées de graines de lin fraichement  moulues dans la soupe est d’un très grand bénéfice pour le coeur ! Voir article “les atouts de la petite graine de lin”.


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